Les grands formats,
Aqua Evocare peinture à l’encre marouflée sur bois-2003-
Je cherchais un titre pour l’ensemble de la série qu’en français je nommais « l’eau qui coule »
Un de mes neveux Anton ayant fait du latin je lui ai demandé de traduire cette phrase et c’est ainsi qu’est né « Aqua evocare ». Façon de retourner à la source, source du langage de la langue française et liquide. La peinture en lavis, première couche en technique de la peinture à l’huile.
Les coulures sur cartons,
Quelques abstractions sur papier,
Les coulages sur toile libre,
Assemblages avec couture,
En plus des peintures sur cartons, j’ai utilisé la toile comme support. J’aime bien les découper puis les coudre en assemblages ainsi je peux varier les rythmes.
peinture sur toile, technique mixte, couture fixée sur un tasseau de bois.Lors d’une exposition.
Après les coulages spontanés, les œuvres retouchées,

Après les expérimentations sur papier et carton, j’ai pris du bois comme support. Ensuite j’ai commencé à retoucher à l’acrylique. https://www.hulipa.art/produit/emergence-peinture-abstraite/

Avec le pastel,
En tant que plasticienne, j’ai eu l’occasion d’expérimenter différentes techniques, et la proximité de la ville de Saint-Quentin m’a offert la possibilité d’animer des ateliers avec du pastel. J’ai donc pris cette matière à bras le corps et j’ai cherché comment l’utiliser. Il y a eu aussi l’observation des œuvres de Degas avec sa façon de poser les couleurs par des hachures et l’utilisation de la couleur du fond resté brut et apparent. Les frottages de Max Ernst par lesquels il est possible de transposer sa technique d’empreinte au crayon par des frottages aux bâtons de pastel. Les huiles de Francis Bacon qui enrichit ses peintures de pigments issus de ce bâtonnet. Il y a aussi les ateliers pour les enfants qui m’ont permis, en enseignant cette technique, de l’aborder sous l’angle du jeu.
Et ces expérimentations pastel sont aussi une recherche de techniques mixtes où je confronte différentes techniques, souvent deux à la fois, mais il se peut aussi qu’il y en ait plus. J’ai mélangé les pastels à l’huile avec les pastels secs, en commençant par le pastel à l’huile et ensuite par la pose du pastel sec par-dessus. L’inverse est aussi possible après avoir fixé le travail. Il y a eu la gouache sur laquelle s’imposèrent des finitions au bâtonnet de pastel, encore ici sec ou gras. Magnifique association.
Mais n’oublions pas l’importance du support. Mes essais sont passés par la découverte des réactions du pastel sur différents papiers, des papiers fins et lisses, qui ne me plaisent pas beaucoup car le pigment n’accroche pas assez bien, mais qui restent intéressants pour le pastel gras qui peut être ensuite dilué par certains endroits à la térébenthine. Mais laissons là la question du pastel gras afin de nous concentrer sur le sec uniquement par la suite.
Les cartons récupèrés dans une usine, blancs, gris ou marron, sont utilisés du côté qui accroche le plus, et les cartons ondulés servent aussi à mettre en évidence de petites lignes en relief. Le papier de verre accroche bien la poudre de couleur ; le papier de soie collé avec des stries irrégulières permet des veinures intéressantes telles que l’on en retrouve dans le papier froissé. La toile, les papiers de couleur assez classiquement utilisés, puis les supports sur lesquels j’avais mis du Gesso ; et enfin le hasard de la récupération m’a mis entre les mains le pastel card.
Toutes ces expériences avec les supports sont d’une grande importance car c’est grâce à ces essais que j’ai pris le pastel card, papier spécifique au pastel, comme support pour mes épreuves de peinture. Je tentais une nouvelle expérience.
Et c’est parce que j’ai réalisé beaucoup de peintures avec de l’encre d’imprimerie que m’est venue l’idée de pratiquer de la même manière mes expérimentations sur différents papiers. Ceci s’est avéré très intéressant car chaque sorte de papier a une réaction différente selon s’il absorbe beaucoup ou non, ou encore s’il est lisse ou rugueux. Je collectionnai donc différents papiers, tous les supports possibles mis à ma disposition. Puis il m’est venu l’idée d’utiliser l’encre sur le pastel card, l’encre étant diluée à la térébenthine – le papier le supporte bien. Si je me sers de l’acrylique ou de la gouache, des techniques de peinture à l’eau, les grains qui sont collés sur le pastel card se dégradent et celui-ci perd son côté intéressant, c’est-à-dire que les petits grains disparaissent. J’ai donc vite abandonné les peintures à l’eau pour cet usage.
Je ne trouvais pas d’idée qui me plaisait assez pour commencer les pastels ; j’ai donc choisi de transposer la dernière découverte que j’avais faite avec mes recherches sur l’eau, « aqua evocare », en peinture. J’utilisais les encres pour réaliser des coulures et la peinture à l’huile pour composer une peinture, portrait ou autre. J’ai débuté les coulures sur un support vertical et à l’aquarelle, puis à force d’essais je suis arrivée à travailler sur un support horizontal. Changeant souvent de papier, j’ai tenté le pastel card, en prenant le même système et en changeant les techniques. J’ai en première partie réalisé des coulures sur le pastel card pour ensuite m’en servir comme point de départ à la construction de la composition. Peut-on parler de peinture intuitive quand, à partir de tâches, il est question de s’inspirer pour inventer une peinture pastel ?
Je prends des couleurs très liquides que je pose sur le support qui est au sol. De la sorte j’oriente le déplacement du liquide afin de créer des mélanges et des formes. Ainsi je crée des taches qui deviennent le point de départ de mon inspiration. J’observe ensuite le résultat et j’imagine un portrait en partant des traits déjà existants. Je réalise surtout des portraits, portraits torturés, déformés, déchirés, mais il m’arrive aussi de dessiner des mains. Pour l’instant j’en suis restée à sortir des formes humaines. Et je continue aussi en parallèle des dessins abstraits en conservant le même principe, d’abord les coulures, taches et ensuite l’ajout de pastel.
La combinaison des deux techniques est formidable car le passage de l’encre garde les qualités du pastel card et permet un travail au pastel dans de bonnes conditions. Les deux matières restent distinctes et ainsi une opposition des textures permet un contraste dans la composition. L’expression de la forme liquide est apparente en même temps que les surfaces dessinées.
C’est donc l’expérience issue de nombreuses recherches qui m’a permis de découvrir cette combinaison de deux éléments que je n’aurais pas associés facilement. En abandonnant différentes trouvailles j’ai pu gagner en simplicité et découvrir un moyen d’inspiration à mon expression artistique.

j’ai transposé la technique des coulages sur le pastel card, en y ajoutant des modifications au pastel.